vendredi 17 mai 2024

Le cri étouffé du peuple palestinien

Depuis plus d'un siècle, le peuple palestinien subit une injustice historique perpétrée au nom du sionisme, ce mouvement idéologique visant à créer un foyer national juif en Palestine. Ce qui devait être une solution à l'antisémitisme en Europe s'est tragiquement transformé en un cauchemar sans fin pour les Palestiniens.

Revenons aux origines. Après la Première Guerre mondiale et l'effondrement de l'Empire ottoman, la Grande-Bretagne reçut en 1920 un mandat de la Société des Nations pour administrer la Palestine. Dès lors, avec la bénédiction des puissances occidentales, les sionistes encouragèrent massivement l'immigration juive en Palestine. En 1947, faisant fi des protestations arabes, l'ONU vota le plan de partage de ce territoire entre un État juif et un État arabe. C'était le début de la dépossession.

En 1948, alors que les Britanniques quittaient la Palestine, les milices sionistes profitèrent du vide pour proclamer unilatéralement la création d'Israël sur plus de 77% des terres. S'ensuivit la Nakba ("catastrophe" en arabe), l'exode forcé de plus de 700 000 Palestiniens fuyant les massacres et les destructions de villages entiers. Des actes que de nombreux historiens qualifient aujourd'hui de nettoyage ethnique.

Depuis, les Palestiniens ont subi une séculaire injustice : l'occupation militaire illégale de leurs terres par Israël, la colonisation sans cesse croissante de la Cisjordanie par les implantations de peuplement juives, le blocus inhumain de Gaza, les discriminations quotidiennes, la confiscation de leurs ressources naturelles... Comment les Nations unies peuvent-elles tolérer une telle violation flagrante du droit international ?

En 2024, force est de constater que le prétendu processus de paix n'a été qu'un leurre. Pendant que les négociations n'avançaient pas, Israël poursuivait méthodiquement sa politique d'annexion des terres palestiniennes. L'État hébreu bénéficie d'un système d'apartheid qu'il s'obstine à nier, malgré les rapports accablants d'ONG comme Amnesty et Human Rights Watch.

Il est grand temps que la communauté internationale ouvre les yeux et agisse fermement. Exiger le respect du droit international, la fin de l'occupation et de la colonisation illégale des territoires palestiniens. Reconnaître l'État de Palestine dans ses frontières de 1967. Condamner sans ambiguïté les crimes de guerre et crimes contre l'humanité perpétrés contre les Palestiniens. Faire pression par tous les moyens diplomatiques et économiques sur Israël pour qu'il respecte enfin les résolutions de l'ONU.

Le peuple palestinien, brimé, spolié de ses terres, privé de ses droits les plus élémentaires depuis des décennies, n'a que trop souffert. Son cri doit être enfin entendu.L'injustice historique dont il est victime de la part d'Israël, avec la complicité des grandes puissances, doit cesser. Aucun peuple sur Terre ne devrait subir pareil sort. La conscience universelle se lève aujourd'hui pour dire : assez ! Le temps est venu de rendre justice et liberté aux Palestiniens.


Suicide moral de l'occident

Le soutien indéfectible des puissances occidentales à Israël depuis sa création en 1948 révèle l'immense hypocrisie qui mine leur prétendue supériorité morale.

Les États-Unis ont très tôt embrassé la cause sioniste, voyant en Israël un allié stratégique au Moyen-Orient. Depuis 1967, les milliards de dollars d'aide militaire américaine à l'État hébreu ont largement contribué à la poursuite de l'occupation et de la colonisation illégales des territoires palestiniens.

L'Europe n'est guère en reste. Si elle condamne mollement par moments la colonisation, elle demeure le premier partenaire commercial d'Israël, renforçant son emprise économique sur les territoires occupés. Le Royaume-Uni, l'ancienne puissance mandataire qui a ouvert la voie au sionisme, reste un complice actif de l'occupation.

Cette mainmise occidentale sur le conflit a façonné un système de "paix" kafkaïen, où les résolutions de l'ONU s'accumulent sans jamais être appliquées. Où les colons israéliens bénéficient d'un régime juridique de faveur, tandis que les Palestiniens subissent la férule de l'occupant. Une paix pour les uns, un apartheid pour les autres.

En bradant leurs idéaux fondateurs de liberté, d'égalité et de droits humains, les démocraties occidentales ont enterré leur crédibilité aux yeux des peuples opprimés. Leur aveuglement coupable vis-à-vis d'Israël les discrédite définitivement de toute prétention à la supériorité morale.

Qui peut encore prendre au sérieux leurs belles paroles sur les "valeurs" qu'elles sont censées défendre ? Leur cynique realpolitik fait régner en Palestine un régime d'apartheid, de discrimination et de dépossession que le monde ne peut plus tolérer.

Avec l'ascension des nouvelles puissances émergentes, l'Occident voit son influence décliner. Son rapport de force ne lui permettra bientôt plus d'imposer une solution injuste par la force. La seule issue honorable est de se raviser, renoncer à ses équivoques complaisances et œuvrer enfin pour une paix juste et durable respectant les droits inaliénables des Palestiniens.

S'il ne veut pas sombrer dans un discrédit sans retour, l'Occident doit renouer avec sa conscience et faire prévaloir la justice sur les intérêts géostratégiques ou économiques de courte vue. Le sort des Palestiniens est l'épreuve de vérité qui déterminera si les prétendues "valeurs" occidentales ont encore un sens ou ne sont qu'un leurre hypocrite.

Si la responsabilité des puissances occidentales dans la tragédie palestinienne est indéniable, il serait injuste de passer sous silence les trahisons répétées d'une partie du monde arabe à l'égard du peuple palestinien.


Les "frères arabes"

Dès les prémices du conflit, certains pays arabes ont affiché leur indifférence, voire leur hostilité envers les Palestiniens. Le roi Abdallah Ier de Transjordanie convoitait ainsi des pans de la Palestine pour agrandir son royaume. Les divisions entre nationalistes arabes et la Ligue arabe ont entravé la résistance face au plan de partage.

Après la nakba de 1948, les réfugiés palestiniens furent parqués dans des camps misérables, maintenus dans un dénuement calculé par les pays d'accueil pour servir la "cause". Leur droit au retour a été bradé sur l'autel des intérêts géopolitiques divergents.

Plus récemment, l'Autorité palestinienne n'a même plus le soutien politique et financier d'une partie du monde arabe, qui a préféré se rapprocher d'Israël. L'Égypte et la Jordanie ont signé des traités de paix au prix de l'abandon des Palestiniens. Les pétromonarchies du Golfe ont entamé une normalisation de facto avec l'État hébreu.

Pis, cette année 2024, alors que la Palestine vit un nouveau cycle de violences meurtrières, plusieurs capitales arabes sunnites semblent s'aligner sur le plan de paix américain décrié comme "l'infamie du siècle". Un plan rejetant les droits légitimes des Palestiniens, condition sine qua non d'une paix juste et durable.

Autant de reniements, de calculs égoïstes et de compromissions qui ternissent l'honneur des dirigeants arabes autant que la cause qu'ils sont censés défendre. En trahissant les Palestiniens, c'est l'âme et la dignité peuples arabes qui sont atteintes.

Cette pusillanime forfaiture morale restera dans les mémoires comme la honte éternelle de ceux qui ont sacrifié un peuple frère sur l'autel de leurs ambitions et de leurs courtes vues. Qu'ils ne viennent plus se draper dans les oripeaux du panarabisme et de la solidarité arabo-musulmane : leur lâcheté les a déshonorés aux yeux du monde.


Appel fraternel au sursaut

Il est temps que les peuples du monde entier, toutes obédiences et origines confondues, se soulèvent et fassent plier l'arrogance des oppresseurs. Trop longtemps, les consciences sont restées muettes face à l'interminable martyr du peuple palestinien. Trop longtemps, nos dirigeants ont fermé les yeux sur cette injustice par cynisme, intérêt ou lâcheté.

Que ceux qui se disent les défenseurs des droits humains cessent d'être les complices d'un système d'apartheid abject par leur indifférence coupable ! Que les voix s'élèvent partout pour dénoncer le déni insoutenable du droit des Palestiniens à disposer d'eux-mêmes, dans la dignité et la liberté !

Citoyens, militons par tous les moyens pacifiques et légaux pour forcer nos gouvernements à rompre avec cette politique de la (prétendue) raison d'État qui bafoue nos idéaux les plus sacrés. Rejoignez la mobilisation pour des sanctions fermes contre l'État colonial israélien, jusqu'à ce qu'il cesse son inique oppression.

Que l'année 2024 devienne celle du sursaut des peuples et des consciences ! Assez de trahisons, d'atermoiements, de compromissions avec l'injustice ! Depuis trop longtemps, la Palestine crie à l'univers son droit légitime à l'existence. Il est plus que temps d'entendre enfin son appel à la liberté !


------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Références :

Rapports de l'ONU :
- Résolution 181 de l'Assemblée Générale des Nations Unies (1947)
- Rapports du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans les Territoires palestiniens occupés (John Dugard, Richard Falk, Michael Lynk)

Historiens sur la Nakba :
- Ilan Pappé, "The Ethnic Cleansing of Palestine" (2006)
- Benny Morris, "The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited" (2004)
- Walid Khalidi, "All That Remains" (1992)

ONG sur les droits humains :
- Amnesty International - Rapports annuels sur l'OPT
- Human Rights Watch - Rapports sur Israël/Palestine
- Al-Haq - Rapports de terrain sur les violations en Cisjordanie

Droit international :
- John Dugard, "Territoires occupés et droit international" (2003)
- Michael Lynk, "Rapports du Rapporteur spécial sur la situation des droits humains dans les TPO" (2016-2022)

Témoignages palestiniens :
- Ghassan Kanafani, "L'Enfant de l'une ou l'autre patrie" (1963)
- Edward Saïd, "L'Orientalisme" (1978)
- Raja Shehadeh, "Palestinian Walks" (2007)

Analyses du conflit :
- Noam Chomsky, "Pourquoi là?" (2015)
- Avi Shlaim, "Le Mur de fer" (2000)
- Rashid Khalidi, "Broker Vision: Palestinian Memoir" (2013)
- Norman Finkelstein, "L'Industrie de l'Holocauste" (2000)

Sur les divisions arabes initiales face au sionisme :
- Benny Morris, "Victimes: Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste" (2003)
- Walid Khalidi, "Plan de partage de la Palestine : Étude d'une décision prise à contre-courant" (1984)

Sur le sort des réfugiés palestiniens dans les pays arabes :
- Rapport de l'UNRWA sur les camps de réfugiés (2022)
- Rapports d'ONG comme Amnesty et HRW sur la condition des réfugiés

Sur la normalisation arabe avec Israël :
- Articles d'analyse de Al-Jazeera et Middle East Eye sur les accords d'Abraham
- "L'inacceptable Deal du siècle" par Alain Gresh (2020)

Sur le "plan de paix" américain décrié en 2024 :
- Articles d'analyse de la presse arabe (Al-Quds Al-Arabi, Al-Araby al-Jadeed, etc.)
- Déclarations d'ONG palestiniennes comme Al-Haq, PCHR, etc.

Témoignages palestiniens sur la trahison arabe :
- Edward Saïd, "La Question palestinienne" (1979)
- Déclarations d'Hanan Ashrawi, Mustafa Barghouti et autres dirigeants palestiniens

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